Il y a un an, le 18 juillet 2019, le studio n°1 de Kyoto Animation a été victime d’un incendie criminel qui a tué 36 personnes et en a blessé une trentaine d’autres.
Ces images de ce studio d’animation en flammes ont été un véritable choc, et ont durablement marqué la communauté des animéfans en France comme dans le monde. D’abord saisie par la violence de l’évènement et par l’incompréhension face aux circonstances du drame, elle a ensuite dérivé vers une grande empathie pour les malheureuses victimes et leurs familles, puis vers une lente appréhension quant aux conséquences à long terme.
Plus que tout autre studio, Kyoto Animation (ou KyoAni) avait une place à part dans le cœur des fans comme dans l’industrie de l’animation au Japon.
Au fur et à mesure que le nombre et les noms des victimes étaient dévoilés, l’ampleur du drame s’est dessinée petit à petit. Le KyoAni que nous avions connu est un peu mort lui aussi ce jour-là. Des talents qui avaient été essentiels pour façonner ce que le studio était devenu ont disparu et il lui sera difficile de retrouver un mode de fonctionnement proche de celui qu’il avait auparavant.
Depuis, une année est passée, apportant elle aussi son lot d’évènements dramatiques, tant et si bien qu’elle éclipserait presque déjà la mémoire de ce fameux jour.
Tout cela, vous l’avez probablement déjà lu et relu ailleurs, à l’occasion de ce funeste anniversaire. Alors, pour changer un peu, mais pour ne pas oublier pour autant, et parce que ce studio revêt toujours à nos yeux une importance toute particulière, nous allons nous prêter ici à un exercice dont nous n’avons pas l’habitude : vous parler de l’un de nos projets qui n’a finalement pas abouti, de sa conception, de ses déboires et de sa fin de vie.
Idée générale
En tant qu’organisateurs d’évènements et grands fans du studio, après nous être remis du choc de ce drame, nous avons eu assez naturellement envie d’organiser une soirée de soutien. Début août 2019, une partie de notre équipe conférence a commencé à travailler sur ce projet :
Notre idée était simple : nous souhaitions organiser une soirée de projection de diverses œuvres du studio et de documentaires à son sujet, dont les bénéfices auraient été intégralement reversés à Kyoto Animation.
Avant la diffusion de chaque épisode, film ou programme court, nous souhaitions faire une rapide présentation d’un ou plusieurs artistes du studio ayant participé à sa création. Le public aurait ainsi pu en apprendre plus sur les esprits créatifs, pour partie aujourd’hui disparus, qui se cachent derrière certaines œuvres du studio.
Les objectifs principaux étaient multiples :
- Rendre hommage aux artistes du studio ;
- Faire découvrir ou redécouvrir au public le plus large spectre possible d’œuvres du studio ;
- Lever des fonds pour soutenir le studio, en lui reversant l’intégralité des bénéfices.
Vous remarquerez que la question de l’argent arrive en dernier. C’est un choix conscient et réfléchi : il nous apparaissait important de montrer en priorité reconnaissance, soutien et hommage, car l’argent ne règle pas tout. Cela aura une importance cruciale dans la suite.
Pour espérer réaliser un tel projet, il nous a fallu gérer de front trois aspects bien différents :
- Trouver une salle prête à accueillir la soirée ;
- Construire une programmation cohérente et intéressante ;
- Demander les droits de diffusion des différentes œuvres que nous souhaitions mettre en avant.
Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que chacun de ces trois aspects s’est avéré être un casse-tête sans nom.
Trouver une salle
Pour réaliser un évènement à notre échelle qui puisse être accessible au plus grand nombre, un certain nombre de choix se sont rapidement imposés :
- La soirée devait avoir lieu sur Paris, pour maximiser le nombre de villes depuis lesquelles on puisse y venir rapidement ;
- Pour que cela ait du sens, elle devait se tenir relativement rapidement pour que les événements soient toujours dans les esprits ;
- Idéalement, la soirée devait avoir lieu un samedi pour pouvoir être compatible avec les emplois du temps du public, venant de toutes régions ;
- La salle accueillant la soirée devait permettre un visionnage confortable et garantir un nombre de places conséquent (300 à 500 personnes dans l’idéal).
Dès le mois d’août, nous avons donc commencé à démarcher un certain nombre de salles de cinéma parisiennes pour leur faire part de ce projet.
Problème 1 : au mois d’août, les administrations de ces salles étaient totalement désertes. Nos sollicitations et relances sont donc restées lettres mortes pendant de longues semaines.
Problème 2 : il est bien difficile de s’insérer dans la programmation d’une salle de cinéma. Certaines périodes sont absolument vitales pour les gestionnaires, repoussant d’autant la date d’une soirée potentielle.
Ce n’est que vers le milieu mois d’octobre que nous avons pu obtenir un accord de principe pour réaliser la soirée dans l’une des salles du Grand Rex. Nous prévoyions alors une soirée d’environs 5 h, commençant en fin d’après midi et s’étirant jusqu’à plus de 23 h, un samedi de fin janvier 2020. Mais cela était bien évidemment conditionné au fait de pouvoir remplir ces horaires avec une programmation intéressante.
Construire un programme
À première vue, cela semblait la partie la plus « facile », ayant largement en tête ce que le studio a pu produire. Assez vite, nous nous sommes orientés vers une structure relativement simple :
Partie 1 : Diffusion de programmes courts (épisodes choisis, etc.)
Entracte
Partie 2 : Diffusion d’un long-métrage du studio
Fermeture
Diffuser des épisodes ou courts-métrages notables permettait de varier la programmation et nous donnait la possibilité de mettre en avant le style et le talent des artistes disparus. Le film, lui, aurait permis de marquer le coup en diffusant une œuvre plus cinématographique et adaptée à une soirée en salle de cinéma.
Nous avions quelques grands axes de départ :
- Montrer des œuvres de l’ancienne garde (pré-Hyōka) ;
- Mettre en lumière la polyvalence des réalisateurs à travers plusieurs œuvres bien différentes ;
- Présenter les styles particuliers des character designers, décorateurs, directeurs d’animation et animateurs disparus via des séries où ils apparaissent clairement ;
- Montrer les talents actuels du studio via des travaux récents.
Mais il nous fallait évidemment garder en tête certaines contraintes :
- Rester sur des œuvres à notre portée (c’est à dire pour lesquelles nous ayons des chances d’obtenir les autorisations de diffusion) ;
- Choisir des épisodes qui peuvent raisonnablement être diffusés et suivis indépendamment, vu qu’il serait hors de question de spoiler une série à un public qui ne l’a peut-être pas vue ;
- Le tout devait rentrer dans une durée raisonnable, malgré notre envie de montrer le panel le plus large possible de travaux du studio.
Au début du processus de sélection des films, le choix du cœur a été Tamako Love Story. Ce film, inédit en France, est le chef-d’œuvre méconnu du studio. C’est un film tendre et chaleureux sur le passage à l’âge adulte qui, sorti à une époque où le studio se cherchait, est passé relativement inaperçu et mériterait d’être plus connu.
Il n’était cependant pas le choix le plus directement compréhensible, puisque ses créatrices principales, la réalisatrice Naoko YAMADA, la scénariste Reiko YOSHIDA et la character designer Yukiko HORIGUCHI n’ont pas été impliquées dans l’incendie. De plus, ce film n’ayant pas de distributeur en France, il fallait directement contacter l’ayant droit japonais.
L’autre œuvre que nous aurions aimé diffuser était Munto. Peu connue, même des fans du studio, il s’agit d’une série de fantasy composée de deux OVA d’une heure et d’un film réalisés respectivement en 2003, 2004 et 2009. Créée, écrite et réalisée par Yoshiji KIGAMI, Munto n’est pas que la première création originale du studio, c’est même simplement le premier animé produit par Kyoto Animation, avant même Full Metal Panic? Fumoffu, et donc une pièce importante de leur histoire.
Notre ambition était de diffuser la première OVA, dans l’espoir de la mettre en avant et faire connaître la série ; mais un problème de taille s’est vite révélé. En effet, le seul et unique ayant droit de Munto n’est autre que KyoAni eux-mêmes. Or, à ce moment-là, le studio avait clairement d’autres priorités que de répondre à nos demandes d’autorisation de diffusion.
Derrière ces choix se révèle l’ambition un peu folle que nous avions au début du projet : celle d’inclure dans notre programmation un film ou un épisode de série inédits en France. Le but était de donner ainsi au spectateur une raison de plus de participer à cette soirée. Rappelons que, malgré nos quelques faits d’armes en ce qui concerne l’organisation de Jonetsu, nous n’avions aucune certitude formelle d’arriver à remplir les salles que nous visions avec ce projet.
Après que les noms des victimes eurent été dévoilés, nos choix se sont relativement affinés, et nous nous sommes assez vite rendu compte qu’une œuvre au nom annonciateur concentrait à elle seule la quasi-totalité des talents disparus.
Réalisé par Yasuhiro TAKEMOTO avec Shōko IKEDA au character design, Futoshi NISHIYA à la direction de l’animation et Yoshiji KIGAMI à la supervision layout, ce film est un véritable concentré des savoir-faire disparus du studio. Un film dans lequel Kyoto Animation avait mis toutes ses forces et qui, encore aujourd’hui, reste d’une finition difficilement égalable.
Néanmoins, ce film d’une durée de près de 2h45 ne peut être montré qu’après avoir d’abord diffusé un autre épisode de la série : Rhapsodie des feuilles de bambou (Haruhi 2009, episode 1). Cela aurait vampirisé plus de 3h de diffusion pour cette seule série, rompant avec notre objectif de montrer un panel diversifié du savoir-faire du studio.
La sélection des épisodes de séries TV a été encore plus complexe : il nous fallait trouver des épisodes dignes d’intérêt qui répondaient, dans l’ordre, aux critères suivants :
- Avoir un diffuseur francophone au moment de la soirée ;
- Pouvoir servir de support pour illustrer le style et le talent de membres-clefs du studio ;
- Être appréciable par des spectateurs ignorant tout de la série dont ils sont tirés, et à qui on a vite donné un contexte avant diffusion.
Autant le dire, c’est là plus qu’ailleurs que nous avons dû faire des compromis, et cette sélection a été un crève-cœur à bien des égards. Certaines séries, comme Nichijō, Hyōka ou Amagi Brilliant Park étaient hors de notre portée, faute d’éditeur francophone ou de contact solide. Certains épisodes mémorables se construisent autour de révélations majeures du scénario de la série et d’autres étaient brillants, mais réalisés par des équipes composées d’artistes ayant eu la chance d’échapper au drame.
Nous ne nous étalerons pas sur les détails, cela prendrait trop de temps, mais la sélection finale se révéla loin du déluge de créativité que nous avions envisagé à l’origine, et nous fûmes contraints d’y intégrer des épisodes plus mineurs.
Lors de nos réflexions, nous référencions les différents ayants droit des œuvres que nous ciblions. Nous nous sommes rapidement aperçus que la cohérence de notre programmation était de toute façon très dépendante de ce que nous aurions pu simplement avoir le droit de diffuser. Pour pallier ce problème, nous avons fait une bonne douzaine de plannings différents, depuis le cas idéal où tout le monde nous aurait laissé diffuser ce que nous voulions au cas le plus dégradé, où il nous aurait fallu nous contenter d’un ou deux partenaires seulement.
Démarcher les ayants droit
L’une des autres ambitions de ce projet était aussi de construire un soutien le plus massif et cohérent possible de tous les grands acteurs de l’animation japonaise en France. À cet effet, nous avons très tôt contacté l’ensemble des éditeurs concernés de près ou de loin par une licence en rapport avec le studio pour leur faire part de ce projet.
Sur ce plan, nous avons été rassurés par les premiers retours qui nous sont parvenus. Après un temps de réaction plus ou moins important, Crunchyroll, Wakanim, ATAnime, Eurozoom, Kaze/Viz media, Dybex… Tous ont répondu présent et ont adhéré à l’idée. Plusieurs d’entre eux nous ont même proposé des contacts et des solutions à certaines de nos questions. Nous les en remercions chaleureusement.
Problème 1 : malgré toute la bonne volonté et l’implication des éditeurs francophones, ils n’ont pas le pouvoir de décider eux-mêmes de la diffusion ou non des différentes œuvres dans une telle soirée caritative. Un événement « exceptionnel » comme celui que nous prévoyions est par nature hors de leur prérogatives, qui ne couvrent que les usages « usuels ». Il leur fallait donc, au cas par cas, demander les autorisations aux différents ayants droit japonais de chacune des œuvres visées ; sans parler, bien entendu, des cas particuliers cités plus haut, où il n’y avait pas de distribution en France et où il nous a fallu les contacter nous-mêmes, sans intermédiaire de poids pour nous présenter.
Après cette première prise de contact, nous nous sommes donc concentrés sur l’élaboration d’un projet de dossier permettant de présenter au mieux ce que nous souhaitions réaliser : contexte, objectif, organisation, communication, budget… Nous y avons dessiné les contours du projet du mieux que nous le pouvions.
Ce dossier a ensuite été traduit en anglais et en japonais, pour nous permettre d’avoir une base de travail compréhensible par nos différents interlocuteurs.
Durant son élaboration, nous avons également approché d’autres initiatives de nos cercles proches, telles que celle des anciens membres de la Brigade SOS Francophone et celle de KyoAniFR.
Petit à petit, le projet s’est structuré. Au fil de nos avancées, de nouveaux contacts et de nouvelles possibilités semblaient pouvoir être envisagés.
Problème 2 : depuis l’incendie du studio, l’une des craintes majeures des différents ayants droit japonais était de voir poindre des tentatives de récupérations qui profiteraient du drame pour se faire de l’argent d’une façon ou d’une autre. Et c’est bien compréhensible : cette tragédie étant alors au centre de l’attention, en particulier au Japon, elle allait forcément attirer quelques appétits peu scrupuleux. Il était hors de question pour la myriade d’ayants droit japonais gérant des œuvres du studio (ABC, Kadokawa, TBS, Pony Canyon…) d’être impliqués de près ou de loin dans une aussi cynique entreprise.
Il faut bien se dire également que tout cela était une situation absolument inédite. Le nombre croissant de dons venant de toutes parts et le manque de structure pour les encadrer est très vite devenu un problème de gestion assez épineux : comment les percevoir ? Comment les rendre clairs vis-à-vis de l’administration fiscale ? À cause de tout cela, la frilosité des ayants droit vis-a-vis des projets émanant de l’étranger était encore plus tenace qu’à l’accoutumée.
On peut d’ailleurs saluer ici la persévérance de Daisuke OKEDA, l’avocat du studio, pour encadrer et canaliser tout cet aspect financier. Après la mise en place d’un compte bancaire unique où déposer les dons, il a bataillé sans relâche auprès du gouvernement japonais pour obtenir le statut de « catastrophe », permettant ainsi que les fonds soient ensuite répartis entre les différentes familles des victimes.
Déboires, espoirs et adaptations
De longues semaines après nos premières demandes, les retours des ayants droit japonais sont tombés. Beaucoup ne souhaitaient tout simplement pas autoriser de diffusion, quel que soit le contexte. Les rares qui laissaient la porte ouverte au projet souhaitaient s’assurer d’une chose en particulier : aucun argent de quelque sorte que ce soit ne devait intervenir lors de la diffusion. Pas de billet d’entrée, pas de collecte de fonds, etc. Ceci, bien évidemment, pour se prémunir des risques évoqués précédemment.
Cette exigence ne nous posait pas de problème sur le principe : comme dit plus haut, notre priorité était l’hommage et les témoignages de soutien plutôt que la collecte de fonds. Cependant, le fait de ne pas pouvoir faire payer l’entrée de la soirée allait de pair avec une sacrée contrainte logistique : une partie de l’argent ainsi collecté devait servir à couvrir les frais du gestionnaire de la salle. La direction du Grand Rex avait grâcieusement accepté de nous fournir une salle à un tarif très bas, vu l’aspect caritatif de la soirée, mais il restait tout de même des frais à engager.
À noter que, durant cette même période, l’équipe d’Eurozoom est revenue vers nous avec une annonce inattendue qui nous a vraiment fait chaud au cœur : ils venaient d’obtenir les droits de diffusion cinéma du film Violet Evergarden : Éternité et la Poupée de souvenirs automatiques, et nous ont spontanément proposé de le diffuser au sein de ce projet de soirée au cinéma. Cela n’a pas pu se faire, mais merci encore à eux pour leur gentillesse et leur implication. ❤️
Pour prendre en compte cette fameuse contrainte de la gratuité, il nous a fallu repenser le projet en profondeur. Sur proposition de l’un de nos partenaires, et compte tenu du fait que le projet ne pourrait visiblement pas avoir une mise en place rapide, nous avons tout simplement décidé de réaliser cette soirée hommage lors de Jonetsu 5555, en avril 2020.
L’idée était simple : chambouler un peu le programme de la salle de conférences de Jonetsu 5555 pour permettre la tenue d’une soirée en accès libre, pour tous les visiteurs de la convention et toutes les autres personnes qui le souhaiteraient. Elle aurait débuté le samedi 4 avril, avant même la fermeture de la salle principale de la convention, puis se serait poursuivie jusqu’à 23h30. Vérification faite auprès de la mairie de Bourg-la-Reine, garder la salle de l’Agoreine jusqu’à ces horaires ne posait pas de soucis particulier, et nous nous sommes donc attelés à adapter le projet à son nouvel environnement.
Paradoxalement, recentrer le projet dans Jonetsu nous ouvrait de nouvelles possibilités. Des idées qui nous trottaient dans la tête depuis le début avaient ainsi leur mise en place facilitée :
- Durant l’entracte, nous souhaitions aménager un petit espace pour que le public puisse laisser un petit message vidéo à l’attention des membres du studio Kyoto Animation. Ces vidéos auraient ensuite été sous-titrées en japonais et envoyées aux responsables du studio par nos soins.
- Durant toute la convention, en partenariat avec Studio JM Production / KyoAniFR, nous souhaitions exposer à l’entrée de la salle de conférences des copies des lettres de fans envoyées au studio. Là encore, possibilité aurait été laissée pour le public d’y rajouter son propre message.
- L’artbook Paris → Kyōto, issu de l’initiative des anciens de la Brigade SOS aurait, lui aussi, eu toute sa place dans l’Agoreine.
Fin de projet
Après avoir révisé l’intégralité de notre dossier en ce sens, et avec le soutien de certains éditeurs, nous espérions enfin rassembler quelques autorisations et nous nous dirigions fin février 2020 vers la construction d’une programmation « définitive ». Elle n’aurait certainement pas été aussi ambitieuse que ce que nous voulions faire au départ, elle aurait été faite avec les moyens du bord, mais elle nous aurait au moins permis de rendre hommage à notre manière aux artistes de ce studio que nous aimons tant.
Cette partie du processus d’organisation se révéla éreintante, avec un va-et-vient constant entre moments créatifs et gros passages à vide. Nous nous étions mis plusieurs dates-limites auxquelles nous étions d’accord pour laisser tomber le projet si nous n’obtenions pas de nouveau résultat, mais il était toujours sauvé in extremis par une avancée décisive.
La crise sanitaire est arrivée alors que ce projet commençait à peine à sortir la tête de l’eau. Après des mois de lutte, nous étions sur les rotules et cette idée de soirée a définitivement été remisée sans avoir pu vous être annoncée.
Quand nous avons lâché le projet
Il faut bien comprendre que durant toute l’élaboration de Jonetsu 5555, ce projet parallèle a été une charge conséquente pour notre équipe conférences, au risque d’en faire pâtir en partie notre programmation principale. Lorsque le coronavirus est arrivé, la priorité a logiquement été donnée à la sauvegarde de la convention en elle-même et à régler tous les problèmes inhérents à son report en 2021.
Nous avons fait ce que nous pouvions pour ce projet qui était probablement trop ambitieux, trop compliqué, trop passionnel peut-être… Mais n’est-ce pas un peu ce qui fait une part de notre identité ?
Tous ces déboires sont bien peu de chose face à l’ampleur du terrible drame vécu par les victimes et leur proches. Nous détaillons ici notre fonctionnement comme à notre habitude, mais nous ne perdons pas de vue notre objectif initial. Vous parler de ce projet est au final une ultime manière de rendre hommage à tous ces artistes que nous adorons et avons adorés.
Comme beaucoup d’autres fans de par le monde, nous pouvons promettre à toutes les victimes de l’incendie de Kyoto Animation que nous ne les oublierons pas. Les œuvres qu’ils ont créées resteront à jamais des marqueurs de notre implication en tant que passionnés d’animation.
Un an après cette tragédie, Kyoto Animation se remet peu à peu sur pied, laissant l’horreur derrière eux pour tout simplement avancer. La démolition du studio n°1 est terminée depuis la fin du mois d’avril, et l’entreprise recrute de nouveaux animateurs, mais aussi des développeurs web, des ingénieurs système, etc.
Il est encore trop tôt pour savoir si KyoAni pourra à nouveau tutoyer son excellence passée, et surtout s’il parviendra à maintenir les conditions de travail hors du commun de ses employés, qui le hissait en modèle pour toute l’industrie de l’animation au Japon. C’est en tout cas tout le bien qu’on leur souhaite, et nous avons hâte de découvrir les nouveaux talents et les futures œuvres que le studio partagera avec nous.
Prenez soin de vous et de vos proches, et à bientôt pour des nouvelles qu’on espère un peu plus réjouissantes.